Le Blog 1001 feuilles
Le papier et le principe de personnalisation : son passé, son présent et vous.
Identifier, s’identifier peut parfois relever d’une mission puisqu’il faut déjà savoir, à l’origine, ce qu’est l’élément que nous souhaitons identifier et donc qui nous sommes.
En effet, un objet se définit par la perspective selon laquelle nous le voyons ; il y a donc une forme d’inscription de notre propre identité dans l’identification des autres, hommes ou objets. Nous laissons ainsi un peu de notre identité dans celles des autres.
Est-il possible alors de connaître ces hommes, ces objets, comme ils sont en réalité, sans notre perspective ? Nous-mêmes, pouvons-nous être reconnu comme nous sommes en vérité ? Sans fards ? Sans décorations ? N'y aurait-il pas aussi le danger de perdre notre identité propre dans la connaissance de celles des autres ?
Le papier personnalisé, clé pour se trouver ?
En effet, il vient ainsi répondre à ces difficultés, certes philosophiques, mais profondément humaines.
Depuis que nous sommes parvenus à exposer des idées sur papier, à en avoir le goût et reconnaître la richesse du partage, merci Socrate, les auteurs ont cherché à s’y identifier.
Le papier est donc un véhicule d'informations multisensoriel où la sensibilité et les sensations de ceux qui écrivent sont mises en évidence. On peut ainsi relever la sensualité du papier-même en tant que moyen d'identification. Nous nous pencherons davantage sur cette question dans la prochaine newsletter.
Le papier, personnalisé au fil de l'Histoire.
Les plus anciennes civilisations (égyptiennes et chinoises) cachetaient leurs documents pour préserver leur intégrité, connaître l’envoyeur et le receveur mais aussi dans un souci de symbolisme, et de statut, et pendant l’Antiquité on écrivait sur des tablettes d’argile.
Lorsque la littérature occidentale a pris son essor en Grèce (l’époque classique, Ve - IVe siècle avant J.-C.) et en Italie (Ier siècle avant J.-C.) on écrivait pour la gloire et on recopiait les livres sans penser aux droits d’auteurs : l’identification se faisait par les idées.
On peut ici souligner l’universelle, et historique, utilisation de symboles pour identifier et s’identifier que ce soit par l’encre, l’argile ou la gravure.
Le codex, le livre, apparait au IIème siècle après J.-C. et avec lui, le début de la personnalisation du papier comme on le connaît.
L’enluminure est un des éléments artistiques les plus anciens que l’on connaisse et qu’on retrouve des rouleaux de papyrus de l’Égypte pharaonique aux bibles illustrées par les moines scripteurs pendant l’époque médiévale. On y identifiait les personnages des histoires, les personnes et les idées importantes que l’on souhaitait mettre en valeur, transmettre en premier lieu.
Pourquoi personnaliser et quel est le rôle de Mille et une feuilles ?
La personnalisation vient ainsi du désir d’identification, de soi-même et des autres, et elle permet de démultiplier les sens, les émotions, les idées que nous souhaitons partager. Personnaliser c’est s’identifier soi-même par rapport aux autres mais aussi soi-même en tant que tel.
Dans ce sens le papier est l’évolution, peut-être même l'aboutissement, des supports d’écritures humains, réelles et non pas virtuelles, et s’y inscrire est le propre de l’Homme.
Nous l'avons vu, personnaliser le papier est la conjugaison de la recherche d’identité et de l’inscription de soi dans le temps et dans l’espace par souci d’héritage et de transmission et, c’est ce que nous vous proposons aujourd’hui.
C'est pourquoi, chez Mille et Une Feuilles, nous avons l'objectif de mettre en évidence la multiplicité d'identités et de pensées et de vous aider, grâce à notre riche sélection de papiers, à les reconnaître et à les faire connaître.
Et aujourd'hui ? La personnalisation devient alors nécessaire pour s’identifier et se différencier, mais aussi se connaître. Le choix du papier est déjà un élément de personnalisation symbolique et significatif. Dans ce sens, on peut emprunter les mots de St-John Perse dans L’Ordre des Oiseaux, dédié aux dessins de Braque, pour souligner l'importance du papier dans un souci de personnalisation : « Nous voilà loin de la décoration. C’est la connaissance poursuivie comme une recherche d’âme, et la nature rejointe par l’esprit, après qu’elle lui a tout cédé. ».
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Mille et une Feuilles vous aide à trouver votre identité avec notre sélection variée de papiers et par les outils de personnalisation que nous vous proposons. De même, les cachets de cire et les pinces à gaufrer que vous trouverez chez Mille et Une Feuilles (gravés par notre frère) poursuivent ces héritages et participent à la transmission de l’Histoire de l’écriture et des idées des Hommes. Rendez-vous sur notre site !
Ecrit par Louise TIFFON
L'été des métiers du papier : l'enlumineur
Etes-vous paré pour une nouvelle destination dans l'univers des métiers du papier ? Attachez vos ceintures, après le calligraphe, votre papeterie créative vous emmène à la découverte du métier d'enlumineur !
Enluminure, du latin illuminare : l'art de mettre en lumière
L'enluminure est art qui date du Moyen-Age et qui consiste à illuminer un texte ou un document grâce à des décors riches et entièrement peints à la main, que ce soit sur du parchemin ou sur du papier.
Les enlumineurs d'aujourd'hui exercent leur talent soit à travers la restauration et la copie de manuscrits moyenâgeux ; soit à travers la création de diplômes, de menus, d'arbres généalogiques et de cartes de vœux, d'affiches, de logos et de publicités et même d'œuvres originales parfois exposées.
Il y a actuellement en France environ soixante enlumineurs professionnels.
Parmi les plus illustres, Claire Biteau-Guillemain vient d'être nommée Maître Artisan en Métier d'Art par La Chambre des Métiers de Maine-et-Loire et la Mission régionale des Métiers d’Art. Depuis son atelier installé près de Cholet, elle crée pour les particuliers, les collectivités et les entreprises, elle expose aussi, dispense des cours dans l'ouest de la France. Durant l'été, vous pouvez la rencontrer au Puy du Fou en Vendée dans son atelier situé dans le village XVIIIe siècle. Si vous passez vos vacances dans le Marais Poitevin, faites un tour à Coulon à l'Atelier du 112, un atelier-galerie qui accueille chaque été des artistes calligraphes et enlumineurs. Claire Biteau-Guillemain y expose quelques réalisations.
Une autre femme, Barbara de Monchy, s'est également fait un nom dans le domaine de l'enluminure. La fondatrice et directrice de l'INSEEM (Institut Supérieur Européen de l'Enluminure et du Manuscrit) d'Angers, le seul établissement en Europe à décerner le titre d'enlumineur, est décorée de l'Ordre National du Mérite au grade de Chevalier.
Histoire de l'enluminure
Dès le VIe siècle, elle est pratiquée dans les monastères, à la gloire de Dieu. Alors que l'écriture est en pleine expansion, les moines travaillent intensément à recopier et décorer les manuscrits religieux et textes d'auteurs. Naissent ainsi de véritables œuvres d'art, un patrimoine culturel et religieux.
A l'aide de pigments naturels, de feuilles d'or et d'argent, le moine enlumineur enrichit et embellit textes et lettrines calligraphiés à l'encre noire ou sépia. Pour aider à la lecture, paragraphes et chapitres sont mieux identifiés. Rinceaux, entrelacs et motifs sont empreints de messages et de symboles qui facilitent la compréhension du texte pour les non lettrés.
Les lettres historiées comportent des récits, les lettres ornées déploient des motifs végétaux et géométriques, les lettres figurées contiennent des personnages et les lettres zoomorphes des animaux.
L'art de l'enlumineur s'exprime à tous les endroits : dans les espaces laissés par le calligraphe, au début, dans le corps du texte et à la fin des pages. Les marges et bordures sont rehaussées de courbes, d’entrelacs, de rinceaux d'inspiration végétale ou animale.
A partir du XIIIe siècle, la production artistique sort des monastères et la corporation des maîtres enlumineurs est créée. Le manuscrit enluminé symbolise désormais la richesse et donne un grand prestige social à son possesseur. Les rois, les princes, les nobles et les marchands se dotent alors d'ouvrages enluminés, tels que livres de familles, bestiaires, herbiers, livres littéraires et scientifiques…
Chaque période du Moyen-Age est marquée par son style particulier : le style insulaire indique ce qui précède le IXème siècle, le style carolingien ce qui se situe entre le IXème et le Xème siècle, le style roman date les enluminures réalisées entre le Xème et le XIIème siècle, la période de transition correspond au XIIIème et le style gothique estampille le XIVème siècle jusqu'au début du XVIème.
Aujourd'hui, faire perdurer la mémoire et les techniques du passé.
L'enlumineur du XXIe siècle ne doit pas seulement maîtriser la mise en couleur et la pose des feuilles d'or. Il doit aussi savoir préparer son support, dessiner et calligraphier.
La qualité de son travail dépend de son talent à choisir, puis à préparer ses pigments, qui peuvent être d'origine végétale, minérale, animale, de terres ou de métaux.
Le point culminant du travail de l'enlumineur est l'application des couleurs, dont dépend toute la profondeur et la vie de son œuvre, à travers les nuances obtenues, les transparences et les contrastes, les dégradés et les pointes de lumière.
L'enluminure est un métier d'art et d’excellence. Tout en respectant des règles ancestrales et des univers médiévaux, l'enlumineur fait désormais émerger des thèmes modernes. Artiste indépendant, il fixe lui-même ses prix.
La réalisation d'une œuvre peut requérir plus de cent heures… l'enlumineur travaille avec passion, calme et patience.
Comment devenir enlumineur ?
La seule école d'enluminure en Europe est donc l'ISEEM d'Angers qui dispense en 2 ans la formation "enlumineur de France" et délivre un diplôme reconnu de niveau IV (niveau équivalent au bac, au bac technologique, au brevet de technicien, au brevet des métiers d'art, au bac professionnel).
Pour suivre une formation professionnelle continue, il est possible de s'adresser à des associations et à des passionnés qui proposent des stages d’enluminure.
Alors, envie de vous y mettre aussi ?! Peut-être y-a-t-il une initiation proposée dans votre région de vacances ?
Cécile Douay
Crédit photo : tourisme montmorillon
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