Les premiers papiers peints, rapportés de Chine et du Japon au XVIe siècle par des missionnaires espagnols et hollandais, étaient faits de moelle ou de pelure de bambous, enluminés au pinceau par des artistes. Leur rareté fit leur succès. Et il faut dire qu’à cette époque, ils proposaient une alternative bienvenue aux tapisseries et tentures murales.
En France, ce sont les dominotiers - les fabricants de papiers qui recouvraient les coffres et les plateaux de jeux de société - qui prirent en charge la production du papier peint.
Comme on pose un carrelage, on collait sur les murs des feuilles appelées « dominos ». C’est Monsieur Lefrançois, un dominotier de Rouen, qui inventa des modèles à raccorder pour créer des décors, le papier étant imprimé feuille par feuille. Puis l’alsacien Fournier pensa à les coller les unes aux autres, formant des rouleaux de huit mètres de long. Les motifs, quant à eux, étaient peints au pochoir.
Ainsi naquit l’industrie du papier peint en 1630, et avec elle un vrai phénomène de mode.
Le secteur se développa encore en 1688 grâce à Monsieur Réveillon, qui introduisit l’utilisation des planches à graver en bois, que l’on enduisait de couleurs avant de les presser sur le papier. Les décorations, dans un second temps, étaient rehaussées au pinceau, et l’on conserva le nom de « papier peint ». Les rouleaux pouvaient alors atteindre 10 mètres de long.
Grâce à la manufacture Zuber à Rixheim en Alsace, fondée après à la Révolution Française, la France demeura l'un des plus grands producteurs de papier peint en Europe jusqu'à la fin du XIXe siècle. Elle reste aujourd’hui la seule usine dans le monde à fabriquer des papiers peints à la planche, à partir de modèles originaux gravés aux XVIIIe et XIXe siècles.
A partir de 1840, avec l’arrivée de la machine à papier et de nouveaux procédés d’impression au rouleau, le papier peint se démocratise. Les évolutions suivantes seront essentiellement technologiques et esthétiques.
Tout un monde de créativité et d’innovation
A chaque époque, les papiers peints reflètent l’humeur du temps, les tendances graphiques, les types socioculturels.
Ainsi, on ne peut parler de papier peint sans évoquer la fameuse toile de Jouy, inspirée des tissus fabriqués par la Manufacture de Jouy en Josas. Créé en 1760, toujours autant prisé, ce papier peint relate des scènes de chasse, des scènes mythologiques, des tableaux descriptifs, comme des pastorales ou des chinoiseries, ou encore des motifs naturels (fleurs, feuilles, oiseaux…).
Parmi les créations illustres, citons également :
Jadis, si le papier peint (constitué de… papier) portait bien son nom, on ne peut plus en dire autant aujourd’hui, vu les multiples matières qui entrent désormais dans sa fabrication. Papier intissé en fibres textiles, papier velouté, papier floqué, papier bicouche, papier vinyle ou vinyle expansé en PVC, papier peint magnétique… Chaque pièce de la maison peut désormais recevoir son papier peint, tout comme les murs les plus abîmés.
Toutes les excentricités décoratives sont également possibles grâce à un large choix de couleurs et de motifs. Dépassées les fleurs du début du 20e siècle et les motifs psychédéliques des seventies ? Qu’à cela ne tienne, le papier peint renaît actuellement de ses cendres, grâce à des papiers texturés, panoramiques, personnalisables et bien plus « fun » qu’avant, surtout pour les chambres d’enfants.
Et vous, vous êtes plutôt papier peint ou peinture ?
Cécile Douay