Il évoque la nostalgie du temps des dactylos et le charme des écrivains qui tapent à la machine à écrire pour démêler sur papier leurs intrigues de polar ou donner vie à leurs héroïnes de roman.
C’est LE papier vintage de notre série consacrée aux papiers éphémères, c’est le papier carbone.
Une brève heure de gloire
Breveté en 1806 par l'ingénieur anglais Ralph Wedgwood, il libéra les copistes et employés aux écritures de leur fastidieux labeur et révolutionna l’administration en permettant la reproduction, et aussi la conservation, des lettres, des procès verbaux et des documents comptables.
Son heure de gloire fut brève mais certaine, lorsque l’utilisation de la machine à écrire se généralisa au XXe siècle.
L’utilisation de la feuille de papier carbone consiste à la placer entre deux feuilles, l’une au-dessus pour écrire ou dessiner, l’autre en-dessous pour recevoir la transcription par transfert de l’encre, sous la pression du stylo ou de la frappe. Utilisé à la main, il demande une écriture délicate, régulière et appuyée.
On s’en servait quand il s’agissait de ne reproduire que quelques exemplaires, tandis que la duplication en plus grande série se faisait par l’intermédiaire du duplicateur rotatif et des stencils de David Gestetner.
A son tour, le papier carbone fut détrôné par l’arsenal technologique des logiciels de mise en page, ordinateurs, photocopieurs, scanners, fax et imprimantes.
Une feuille fine et encrée
Le choix du grammage du papier carbone dépendait du nombre de copies à effectuer : des plus fins de 9 g/m² qui permettaient de réaliser jusqu’à 25 copies d’une seule frappe, aux plus épais de 30 à 40 g/m² que l’on pouvait utiliser plus longtemps.
Le papier carbone moderne se constitue d’un film plastique plus durable, mais autrefois il était fait d’un papier pelure de grande qualité fabriqué à base de chiffons ou de chanvre, sans ajout de colle. Il devait être résistant aux frappes répétées et parfaitement lisse, sans trou ni piqûre.
A la fabrication, l’encrage de la feuille se faisait à l’aide d’un dispositif composé de cylindres chauffés tournant dans un récipient contenant l’encre à carbone fondue et déposant une fine couche cireuse sur une des faces du papier. Une autre série de cylindres clôturait le processus en rendant la surface lisse et brillante.
Le noir de fumée fut la première matière utilisée pour colorer la cire, d’où l’appellation « carbone ». Ensuite, on préféra le bleu de Prusse et des dérivés de l’aniline.
A la fin des années 1960, les encres à base de cires furent remplacées par des encres à base de résines, dont l'avantage est de faire durer plus longtemps le papier grâce au phénomène de « régénération » - la zone du papier déjà utilisée étant réencrée par migration de l’encre à travers la résine.
Le papier carbone… qui prétend n’avoir jamais tenté de l’utiliser pour recopier ses lignes de punition ?!
Cécile Douay
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Extrêmement sensible aux textures, aux matières, aux couleurs, le papier est pour moi une matière noble, bien au-delà de l’utilisation quotidienne que nous en avons.
C’est un support qui permet la transmission, qui garde trace de notre mémoire individuelle ou collective, qui favorise le rassemblement.
Stephanie Rivier - Fondatrice de Mille et une Feuilles
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