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Bleu : symbolisme, histoire et expressions… notre série des couleurs

papier calque bleu turquoiseJaune, orange, rouge, rose, violet… Votre papeterie créative vous fait découvrir aujourd'hui l'histoire du bleu. Une histoire bien étonnante, un parcours que l'on n'aurait pas soupçonné pour la couleur préférée des Français et de tout le monde occidental.

 

Du dédain à l'adoration

Si le bleu fait de nos jours l'unanimité, il n'en a pas toujours été ainsi. Auparavant, il était au mieux ignoré, au pire honni.

Dans l'Antiquité, il n'était même pas une couleur (on ne reconnaissait que le blanc, le noir et le rouge). Pour les Romains, il représentait les barbares, l'étranger, les peuples du nord, les Germains qui aimaient le bleu. Avoir les yeux bleus pour une femme était le symbole d'une mauvaise vie, et pour un homme un signe de ridicule.

Ni le vocabulaire latin ni la langue grecque n'était capable de nommer correctement le bleu. Il a fallu emprunter des mots germaniques et arabes pour cela. Chez les Grecs, malgré l'omniprésence du bleu dans la nature, il était tellement absent dans les textes anciens que l'on a cru que leurs yeux n'avaient pas la faculté de le voir ! Que de fardeaux pour le bleu ! La seule exception fut dans l'Egypte des pharaons, où le bleu représentait le bonheur dans l'au-delà.

Le point de bascule se produit aux XIIe et XIIIe siècles avec la mutation des idées religieuses, le Dieu des chrétiens devenant un Dieu de lumière, une lumière désormais représentée en … bleu. Autrefois peints en noir, rouge, blanc ou doré, les ciels sont maintenant aussi dessinés en bleu. Le culte à Marie en pleine croissance renforce également la tendance. Habitant le ciel, on la revêt d'un vêtement bleu. C'est ainsi que la Vierge se fait la première promotrice du bleu, et que l'ancienne couleur barbare devient divine !

Autre facteur en faveur du bleu : à cette époque on crée les classes, les noms de famille, les insignes et armoiries. Et pour ne pas être coincé dans la création, on a appelé le vert, le jaune et le bleu à la rescousse des trois couleurs reconnues. C'est ainsi que l'on est passé d'un système à six couleurs de base.

 

Enjeux économiques

Le bleu s'infiltre alors dans toute la société. Adopté par le roi de France et les nobles, il devient un must de la mode aristocratique.

S'ensuit une explosion de la demande en guède (ou pastel), la plante qui fournit le colorant bleu. Sa culture s'industrialise, avec pour conséquence l'enrichissement des régions où elle est produite sous forme de coques : la Thuringe, la Toscane, la Picardie, Toulouse, le Languedoc. De là vient l'expression "pays de cocagne" !

Quant aux producteurs de garance (qui donne le rouge), basés dans la région de Strasbourg, ils voient d'un mauvais œil cette expansion. Au sein d'une véritable guerre entre le rouge et le bleu, ils en viennent à demander à ce qu'on représente, dans les vitraux, le diable en … bleu !

Au XVIIIe siècle, le bleu est définitivement la couleur préférée en Occident. Les nuances de bleu se diversifient. L'indigo est importé en masse depuis les Amériques : avec un pouvoir colorant plus élevé et un prix plus abordable (car fabriqué par des esclaves), il détrône le guède. Les anciens pays de cocagne périclitent... et le malheur des uns faisant le bonheur des autres, les ports de Bordeaux et de Nantes font fortune.

 

Conventionnel et consensuel

Elevé par les réformistes au rang des couleurs dignes (avec le blanc, le noir, le gris et le brun), le bleu est approuvé dans tous les domaines. La morale de cette époque veut qu'un homme préfère le gris, le noir et le bleu pour se vêtir. Un héritage toujours en vigueur aujourd'hui d'ailleurs !

En 1850 à San Francisco, Levi-Strauss en rajoute une couche avec l'invention du jean. Teinté à l'indigo, c'est le premier bleu de travail, avant de devenir un pantalon de loisir dans les années 1930. Sobre et discret, il répond à la morale protestante et conforte ceux qui recherchent l'adhésion.

Sage et docile, le bleu est la couleur parfaite pour qui ne veut pas se faire remarquer. Ou aspire au consensus. Ce n'est pas un hasard si l'ONU, l'UNESCO, l'Union Européenne ou les partis conservateurs l'ont adopté.

Sans grande force symbolique, la couleur la plus disciplinée verse facilement dans la mélancolie et la dépression. Le blues, avec ses mélodies calmes, conforte nos blues, nos bleus à l'âme. Il symbolise aussi le romantisme des tempéraments fleur bleue.

 

Et vous, parbleu, adorez-vous autant le bleu ?

 

Cécile d’Orthozen

Rédaction de blog


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