Notre découverte de l'industrie papetière, son histoire et ses enjeux dans différents pays se poursuit… …
... au Canada, où l’industrie des pâtes et papiers du Québec fut désignée "Événement historique national" en août 2006 par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada.
Il faut dire que l'histoire et le développement socio-économique du pays doivent beaucoup à l'exploitation des ressources naturelles et forestières. Un réseau hydrographique étendu et de nombreuses forêts, surtout au Québec, ont favorisé l'essor de l'industrie du bois et la construction de papeteries. Au point de faire du Canada, en 1918, le plus grand exportateur mondial de pâtes et papiers.
C'est au début du XIXe siècle que le Canada a pris conscience du potentiel de ses forêts, quand l'Angleterre - ne pouvant plus se fournir en Europe suite au blocus naval de Napoléon - s'est tournée vers sa colonie pour s'approvisionner en bois de construction navale. Plus tard, de nouveaux marchés d'exportation s'ouvrirent pour le Canada vers les Etats-Unis, alors en plein boom démographique.
Au début du XXe siècle, la demande en bois de construction diminue et le Canada reconvertit ses scieries en papeteries afin de répondre aux nouveaux besoins en pâte de bois destinée à la fabrication de papier. Des villes entières se construisent alors autour des papeteries, telles Chicoutimi "Ville de la pulpe" et Trois-Rivières "Capitale mondiale du papier journal".
L'après-guerre est l'âge d'or de l'industrie du papier canadienne, avec des records de production, la mécanisation des procédés depuis la coupe du bois jusqu'à la fabrication du papier, la spécialisation des métiers et l'ouverture de la première école nationale de papeterie à Trois-Rivières.
De nos jours, en pleine mutation de l’industrie papetière, la question qui se pose au Canada est celle de la sauvegarde et de la transmission de son riche patrimoine papetier matériel et immatériel. Alors que des usines ferment, les savoir-faire des spécialistes de la forêt et du papier disparaissent. Seules des initiatives locales permettent désormais la conservation de ce patrimoine industriel, à travers des musées et des lieux de mémoire. Leur objectif : maintenir les équipements et grandes usines du siècle passé, tout comme le souvenir de la vie et de l'organisation sociale de jadis.
De nouvelles solutions écologiques
Dans le contexte actuel de déclin de la production de papier journal, l'industrie du papier canadienne cherche désormais à se démarquer à travers de nouveaux processus de transformation et de valorisation. De nouvelles normes environnementales sont établies et la recherche fait émerger de nouvelles activités (biochimie, méthicellulose, bioénergie, papier intelligent antibactérien).
Pour maintenir la durabilité de l'environnement, l'AFPC (Association des Produits Forestiers du Canada) a pris des engagements forts en termes d'aménagement forestier durable, de lutte contre les changements climatiques, de conservation de l'eau, de réduction de la pollution atmosphérique et de réutilisation de la fibre. Une étude sortie de l'Université Yale classe d'ailleurs la réglementation canadienne comme l'une des plus strictes au monde.
Des critères scientifiques et mesurables ont même été établis par le Conseil canadien des ministres des forêts, sur lesquels les membres de l'APFC s'appuient pour contrôler de manière tangible leurs pratiques en matière d'aménagement forestier durable :
Quand Greenpeace s'en mêle…
Autre particularité canadienne, la campagne "Markets Initiative" portée depuis 2000 par Greenpeace et d’autres organisations non gouvernementales (ONG). Leur cheval de bataille ? Développer l'utilisation de papier respectueux des forêts primaires dans l'édition canadienne. Ainsi, depuis que J.K. Rowling a demandé à son éditeur de publier son opus d'Harry Potter de 2003 sur du papier 100% recyclé, plus de 60 éditeurs ont pris des engagements éco-responsables.
Un festival du papier à Windsor, capitale du papier fin
Le Festival du Papier de Windsor au Québec est une autre preuve que le papier est intimement lié au patrimoine et à l'histoire du Canada. On peut y profiter de ses animations de rue, de ses spectacles et de ses exposants. Point d'orgue de la fête : un défilé de mode de papier, unique au Québec ! En juin dernier, il s'agissait de la 19ème édition du festival.
Après l'Amérique du Nord, direction le Sud, retrouvons-nous la semaine prochaine au Brésil !
Cécile d’Orthozen