Les contemporains du papier : Carole Piette

Les contemporains du papier : Carole Piette

Partons à la rencontre de créateurs d’émotions et de projets où le rôle du papier n’est pas anodin. Emotions des créateurs dans leurs projets, émotions que leurs créations nous procurent…

Rencontre avec Carole Piette, qui nous parle de son livre écologique destiné aux enfants.

 

Carole, tu as lancé une souscription sur Kiss Kiss Bank Bank pour un projet de livre écologique qui s’adresse aux enfants entre 4 et 8 ans : « Les Super Yoghiros en Amazonie ». Quel message souhaites-tu passer aux jeunes lecteurs ?

Je raconte une histoire qui se passe dans la forêt tropicale. C’est un endroit magnifique qui recèle une incroyable biodiversité. J’aimerais y plonger les enfants, les émerveiller et éveiller leur curiosité. Car un enfant curieux veut en savoir plus, discute avec ses parents et les pousse à être curieux eux-mêmes.

J’ai décidé de m’adresser aux enfants parce que j’ai envie de leur transmettre un message optimiste. Et par leur intermédiaire, je sais que les adultes sont plus facilement touchés. J’ai imaginé le livre en deux temps, celui de la lecture et celui de l’échange en famille. Et pour nourrir l’échange, quelques clés suivent le récit.

En s’intéressant aux forêts tropicales, enfants et parents réaliseront qu’elles sont des alliées de poids contre le problème du dérèglement climatique. Et j’aime l’idée d’amener les lecteurs à découvrir les solutions à un problème dont ils n’ont, peut-être, pas tout à fait conscience à leur jeune âge.

 

Mais qui sont les Super Yoghiros ? Où as-tu trouvé l’inspiration pour les personnages et l’histoire ?

Les Super Yoghiros sont des enfants, ils possèdent un fabuleux pouvoir, commun à tous les enfants (il faut lire le livre pour le découvrir !).

J’ai imaginé cette histoire à une période où je lisais beaucoup d’aventures de supers héros à mon fils. J’aime bien cet univers, mais j’étais un peu sceptique sur son effet quand mon enfant me demandait pourquoi il n’avait pas de pouvoirs, lui. Etrangement, je travaillais au même moment sur le pouvoir des plantes de l’Alto Huayabamba en Amazonie péruvienne. Enfin, sur leurs propriétés et leur usage !  Entre Spiderman et le sang du dragon (une plante médicinale), les X-Men et le piri-piri (une plante utilisée pour séduire l’être aimé), j’avais à ma disposition de quoi construire un récit original !

Après une vingtaine de versions revues par mon fils et d’autres enfants, je suis arrivée au texte final. J’avais une idée très précise des illustrations que je souhaitais, leur disposition, les détails, les couleurs. Et j’ai eu la chance de travailler avec Irène Chanrion qui a su retranscrire mes idées avec son pinceau.

 

Tu as aussi fait appel à des préfaciers de renom. Pourquoi les as-tu choisis et en quoi ont-ils été séduits par ton projet ?

J’ai tout de suite pensé à Cyril Dion. Je partage l’idée que pour changer les hommes, il faut leur raconter de nouvelles histoires, leur offrir des récits sociétaux qui laissent imaginer ce que le monde pourrait être si nous le voulions. Je trouve que Cyril Dion excelle en la matière, c’est un homme d’engagement doublé d’un excellent dramaturge. J’étais très curieuse d’avoir son avis car cet exercice d’écriture est une première pour moi. Le récit lui a plu et il a accepté de le préfacer. Cela m’a donné confiance.

Je souhaitais également être appuyée par des experts, Francis Hallé sur la forêt tropicale. Roland Gérard sur l’éducation à l’environnement. Ces deux hommes que j’admire profondément pour leur humilité et leur passion m’ont également fait l’honneur d’accepter après avoir lu le texte.

 

Pour chaque livre édité, un arbre sera planté en Amazonie. Explique-nous un peu …

Cette histoire est inspirée par l’Alto Huayabamba, en Amazonie péruvienne. Le premier projet de reforestation de Pur Projet y est né, en 2008, en partenariat avec une coopérative de commerce équitable. Nous y plantons des arbres selon le modèle de l’agroforesterie qui combine cultures agricoles et plantations d’arbres. Cela permet de lutter contre la déforestation principalement liée à l’extension des terres agricoles au détriment de la forêt. C’est un système qui permet de préserver la forêt tout en améliorant le niveau de vie des communautés locales.

 

Cela fait des années que tu travailles dans le secteur de la solidarité internationale et de l’environnement, tu as participé à la création d’Alter Eco et de Pur Projet. Tu as créé ta propre marque écologique pour enfants, Conscients. Et aujourd’hui ce livre écologique. D’où vient cette vocation ?

J’ai eu la chance de beaucoup voyager depuis que je suis née et je suis totalement subjuguée par la beauté de notre planète et la diversité de ses habitants. Je n’ai pas envie que cela disparaisse, je veux que mes enfants en profitent. Et je suis animée par un sentiment d’urgence. Si nous ne ralentissons pas le changement climatique, l’humanité telle que nous la connaissons est condamnée. Nous sommes la dernière génération à pouvoir agir. On peut trouver cela terrifiant, ou on peut penser que ce n’est pas un problème car nous connaissons les solutions. La seule limite est l’inertie humaine. Donc, tout ce que l’on peut faire pour accélérer la prise de conscience et les changements de pratique est un pas en avant.

 

Un livre, par définition, cela s’imprime sur du papier, ce qui suppose l’abattage d’arbres, une grande consommation d’eau, l’utilisation d’encre et de produits de fabrication. N’est-ce pas contradictoire avec la cause que tu défends ?

Et bien, je souhaite montrer à quel point les arbres sont utiles. Et les arbres le prouvent en m’offrant un beau papier pour raconter leur histoire ;) Couper des arbres pour les utiliser comme papier ou meuble est positif dans le cadre d’une gestion durable des forêts. Ce qui est catastrophique, c’est de couper sans replanter, pire : de brûler ou de laisser pourrir le bois qui relâche alors tous les gaz à effet de serre qu’il séquestre.

Les éclaircies (coupes) sont nécessaires à la bonne santé des forêts, elles ne sont pas réalisées au hasard et on replante plus d’arbres pour couvrir les besoins d’exploitation. Ces pratiques sont organisées et règlementées et les papiers sont certifiés (FSC pour l’international, PEFC pour l’Europe).

Quant à l’empreinte environnementale de l’industrie papetière, elle a fortement diminué. Ce secteur a été l’un des premiers à être décrié, à juste titre. En conséquence, il a été l’un des premiers à mettre des améliorations en œuvre, tant en terme de consommation d’énergie, que d’utilisation et d’épuration des eaux. L’impact des encres a également diminué et la réutilisation des contenants s’est largement répandue.

Pour les Super Yoghiros, j’ai choisi l’imprimeur français Corlet, certifié Imprim’vert, engagé dans une démarche RSE et dont la proximité géographique permet de limiter l’impact du transport. Le papier est certifié FSC.

 

Ou pouvons-nous acheter ton livre ?

Le livre est disponible sur le site www.conscients.com. Il coûte 20€.

J’ai aussi des idées pour écrire une suite ! Il y a de nombreuses solutions pour œuvrer contre le changement climatique et prouver aux sceptiques qu'il n’est pas une fatalité, mais une opportunité de rendre le monde meilleur !