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Tous ces papiers éphémères (9) : les papiers de fête

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Passons de l’école à la fête, car le papier sait aussi s’amuser !

En ces temps de carnaval, il est bon de rappeler que le papier est un support de rêve pour la réalisation de masques et de grosses têtes de carnaval, la décoration de chars… Le papier crépon, plissé et extensible, quant à lui est idéal pour la confection des déguisements, et tout cela pour un coût dérisoire !

Au carnaval, on s’adonne à des batailles de confettis, de serpentins, de billes de sarbacane. Sur les tables, trônent les lampions, les nappes en papier, les assiettes et les verres en carton.

En ce jour qui fait la part belle à toutes les excentricités, on ira jusqu’à brûler Sa Majesté Carnaval en papier, puisqu’il renaîtra de ses cendres. Et le lendemain, tous ces papiers seront ramassés, balayés, jetés… Papiers éphémères s’il en est !

 

Le confetti, roi du carnaval !

Imagineriez-vous un carnaval sans la pluie colorée des confettis ?

Les premiers furent utilisés au Casino de Paris en 1891, sur une idée de Monsieur Lué son administrateur, qui utilisa alors des chutes de papier.

Leur utilisation fut popularisée dès 1892 à l’occasion de mardi gras, aux bals de l’Opéra. Le confetti en papier fut alors considéré comme une heureuse innovation, remplaçant son ancêtre peu apprécié : de petites dragées en plâtre et terre glaise, dont il fallait se protéger le visage et les costumes. Les gens, conquis par ces nuées de papillons blancs (les premiers confettis étaient blancs), adoptèrent définitivement le confetti en papier.

 

La fureur du confetti

Son utilisation fut ainsi reprise à la mi-carême, puis en force les années suivantes… un nouveau débouché pour les papetiers était né !

Pour la fabrication industrielle des confettis, on utilisait des emporte-pièces qui tranchaient dans quarante ou cinquante épaisseurs de papier. On se servait de rognure et si l'on en manquait, on prenait du papier à 50 francs les 100 kilos !

Fabriqué en très grande quantité, le confetti parisien gagna rapidement la province, puis toute la France et le monde entier. Pour satisfaire les besoins de l’exportation, des confettis colorés et même dorés furent fabriqués.

A Paris, en un jour, il se serait vendu 20 000 kilos de confettis, soit 80 000 sacs ! Les confettis étant difficiles à trouver, les prix s’envolaient !

A la  mi-Carême de 1895, selon Le Petit Journal, « on ne songeait qu'à se lancer des confettis par poignées ; le sol en était jonché à ce point qu'on enfonçait dedans jusqu'aux chevilles ». Au mardi gras de 1902, « l'eau de la Seine à la sortie des égouts parisiens, à Clichy, se métamorphosait subitement en une immense banquise multicolore ».

Et pourtant, dès 1892, La Préfecture de police de Paris interdit la vente et la projection de confettis dans les fêtes publiques – exception faite du carnaval.

A cela, les fabricants de papier répondirent par une pétition demandant l’autorisation de vente de confettis dans les fêtes foraines. Sans succès.

En 1900, le mot « confettiste » apparaissait, désignant celui qui lance des confettis. Il ne sera utilisé qu’une dizaine d'années.

A cette époque, le confetti faisait vivre plusieurs milliers de personnes très modestes à Paris. Il fallait donc en considérer l’aspect social. Le Conseiller de Paris déclarait d‘ailleurs en 1903 : « Il y a 5 860 petits commerçants et ouvriers employés à la fabrication des confettis. Supprimer les confettis, c'est vouer toute cette intéressante population à la misère ».

 

Auriez-vous pensé que de si petits bouts de papier avaient soulevé autant de passion et de controverses ?

 

Cécile Douay

Rédactrice web

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