Sylvie Poulain est aujourd’hui relieuse de livres à Maisons-Laffitte (78).
Elle a choisi la reliure dans le cadre d’une reconversion professionnelle en 2018. Sa première carrière a été assez « technologique », alors elle a voulu pour la seconde se recentrer autour du patrimoine, et du livre en particulier.
Après une formation au CAP Arts de la reliure au sein de l’association ARRA en Arles, elle a obtenu le diplôme en 2019 et ouvert son atelier, « La mouette relieuse », cette même année. Le nom est un clin d’œil à sa première carrière, maritime… Aujourd’hui, et malgré les turbulences engendrées par le contexte sanitaire, elle est heureuse de voir son atelier se maintenir à flot.
Sa clientèle se compose principalement de particuliers qui viennent la consulter pour des livres de famille : elle aime découvrir ces trésors qu’ils lui confient et leur offrir une seconde existence ! Un livre qui survit, c’est quelque-chose de très humain qui se transmet d’une génération à l’autre.
Sylvie, quels produits commandez-vous sur Mille et Une Feuilles ?
Récemment, j’ai acheté le papier recyclé 175g Couleurs de Provence A3, j’avais besoin d’un papier imprimable et relativement épais, avec un grain pas trop régulier pour ne pas jurer avec le papier plus ancien avec lequel il allait être associé.
Utilisez-vous ces produits à titre personnel ou pour des projets professionnels ?
Professionnel : une cliente m’a confié à rénover 19 volumes de L’Histoire de France de Michelet, parus entre 1876 et 1878. Autant le papier intérieur, bien qu’ancien, avait bien supporté le passage du temps, autant les couvertures tombaient en miettes… J’ai eu l’idée de faire recomposer les couvertures à l’identique par un graphiste (Atelier Anybodesign), et de les imprimer sur un joli papier neuf avant de les poser sur les blocs recousus et recollés.
Pourquoi les achetez-vous chez Mille et Une Feuilles ?
Je suis tombée sur le site de Mille et Une Feuilles en cherchant des papiers recyclés pour des projets futurs, au départ sans idée bien arrêtée mais avec le souci d’une démarche écologique. J’ai apprécié l’argument du Fabriqué en France, ainsi que la citation de la fondatrice avec laquelle je me suis trouvée parfaitement en phase : « [Le papier,] c’est un support qui permet la transmission, qui garde trace de notre mémoire individuelle ou collective, qui favorise le rassemblement. »
Quand j’ai eu besoin d’un papier d’aspect particulier pour la commande de ma cliente, j’ai tout de suite pensé à ce papier recyclé… et voilà.
Envisagez-vous d’acheter d’autres produits sur notre e-papeterie, et si oui pour quel type de projet ?
Certainement. Le carnet de commandes de l’atelier est actuellement bien rempli de commandes plus traditionnelles, mais j’espère trouver bientôt le temps de développer une petite gamme de papeterie sur cet argument du recyclage, comme des carnets…
Si vous deviez conseiller Mille et Une Feuilles à une relation professionnelle ou un ami, que lui diriez-vous pour le convaincre ?
Un exemple vaut mieux qu’un long discours, alors je lui montrerai ce que j’ai pu réaliser avec le papier de Mille et Une Feuilles. Je mentionnerais le recyclage et le Fabriqué en France, parce qu’on a tous notre geste à faire pour que l’environnement et la société se portent mieux, et enfin la simplicité de la commande en ligne, et bien sûr la qualité du papier que j’ai pu éprouver.
Merci beaucoup Sylvie Poulain !
Mise en mot par Léoda Prunier
Chargée de projet Webmarketing pour Mille et Une Feuilles
Votre papeterie créative vous a déjà présenté le calligraphe, l'enlumineur et l'imagier au pochoir. Poursuivons notre voyage estival à travers les métiers du papier avec celui de relieur !
Le travail du relieur consiste à habiller un livre afin de le protéger, de faciliter sa consultation, mais aussi de l'embellir. Pour cela, il doit posséder une sensibilité artistique, faire preuve de minutie et bien évidemment s'intéresser au monde du livre.
Contrairement au brochage, qui n'est pas aussi solide, la reliure consiste en la couture de cahiers, la pose de plats rigides ou flexibles non solidaires du corps d'ouvrage et d'un matériau pour les recouvrir.
Dès les débuts de la reliure, l'objectif fut certes de protéger les écrits, mais aussi de travailler l'esthétisme des livres. Aussi, les premières couvertures des ouvrages religieux se sont rapidement ornées d'ivoire, d'émail, de feuilles d'or et d'argent. Des livres ainsi reliés et décorés ont donné naissance à de véritables œuvres culturelles et artistiques.
La reliure aujourd'hui
Aujourd'hui en France, la reliure à la main (reliure courante et reliure d'art) rassemble 1 800 professionnels répartis dans environ 240 ateliers de reliure manuelle, alors que l'ensemble du secteur (reliure industrielle, semi-industrielle et artisanale) représente 400 ateliers. 2/3 des relieurs travaillent seuls, tandis que seulement 4 à 5 ateliers dénombrent plus de 30 personnes. La Bibliothèque Nationale de France, le Sénat, l'Assemblée Nationale et certains musées possèdent leurs propres ateliers. Un relieur peut ainsi être soit artisan, soit fonctionnaire, soit salarié.
Il peut exercer son art dans trois domaines, définis selon l'usage du livre et le type de reliure :
A l'origine de la reliure, le livre
La reliure est apparue entre le IIe et VIe siècle après J.C., suite à la naissance au Ier siècle du codex, cet ensemble de feuilles pliées en cahiers, que l'on relie ensuite pour former le livre-objet que nous rangeons aujourd'hui sur nos étagères. La reliure est alors cet acte essentiel de l'assemblage des cahiers, nécessaire à leur lecture, mais surtout à la conservation des écrits : elle permet que la mémoire perdure à travers les âges.
Au VIe siècle, l'artisan relieur ne faisait que relier les cahiers et poser les deux plats de la future reliure, constitués de planchettes en bois. Celles-ci étaient ensuite recouvertes de cuir, de toile ou de métal, parfois consolidées par des renforts métalliques et équipées de fermoirs. L'orfèvre ou l'émailleur finissaient de donner toute leur splendeur à la couverture.
Ainsi, les nombreuses couvertures fabriquées au Moyen-Age ont fortement influencé l'art de la reliure et inspirent encore nos relieurs contemporains.
Au XVe siècle, les reliures deviennent plus raffinées, rehaussées d'étoffes luxueuses (soie, velours, brocart), de broderies et de pierres précieuses, de fermoirs finement ciselés.
A la Renaissance, l'art de la reliure atteint un très haut niveau de perfection. Grâce au savoir-faire réputé de ses relieurs, la France devient une référence dans le monde du livre en Europe. François 1er fait créer une école de reliure artistique, propageant ainsi le style français.
L'arrivée de l'imprimerie marque le plus grand développement de l'art de la reliure, mais aussi du métier de relieur. Alors qu'entre 1490 et 1535, il y avait à Paris 140 relieurs, on en comptait 200 entre 1550 et 1585. En 1539 est même créée la prestigieuse fonction de relieur du roi.
Avec l'usage plus courant des livres et la diminution de leur taille, la reliure s'allège de ses éléments lourds. Les ais de bois sont remplacés par du carton, la reliure doit gagner en rentabilité et en rapidité d’exécution pour assurer la diffusion du livre. Désormais, les libraires commandent en série des volumes reliés.
Aux XIXe et XXe siècles, l'art de la reliure devient plus scientifique. Les connaissances technologiques plus poussées complètent le savoir-faire artisanal et permettent la mise en œuvre de techniques de conservation préventive et de restauration des livres.
Un tournant s'opère au XXe siècle, avec l'arrivée de la reliure de création qui donne une plus grande liberté au relieur. S'affranchissant des normes de la reliure d'art traditionnelle, il peut enfin créer une reliure en accord avec les idées développées par l'écrivain dans le livre. Cette nouvelle génération de relieurs s'exprime désormais avec de nouvelles techniques et de nouveaux matériaux.
Deux femmes relieurs à l'honneur
Envie de découvrir la reliure en images ? Découvrez le travail de deux femmes relieurs françaises :
Aude Quéré, artisan Relieur dans le 18e à Paris : Vidéo A la rencontre de ...
et Nathalie Lemaitre, relieur Meilleur Ouvrier de France à Paris : Vidéo A la rencontre de ...
Devenir relieur
Du CAP arts de la reliure au diplôme supérieur d'arts décoratifs, il existe en France plusieurs formations initiales au métier de relieur. Quiconque souhaite se reconvertir dans ce métier d'art et acquérir une qualification professionnelle peut aussi suivre une formation continue. Toutes les informations nécessaires sont disponibles auprès de l'Institut National des Métiers d'Art.
Une bonne idée à souffler à un jeune à l'aise avec le travail manuel, vous ne trouvez pas ?
Cécile Douay