C’est avec le typogaphe que votre papeterie créative termine cette belle série de l’été consacrée aux métiers du papier.
Du « travail de labeur » …
L’art de la typographie consiste à créer des caractères mobiles en plomb destinés à l’impression sur papier. Le typographe crée lui-même la forme des lettres, qu’il coule dans des moules grâce à un alliage de plomb et d’étain. Au final, il obtient des tiges métalliques surmontées d'une lettre, d'un signe ou d'un chiffre inversé et en relief.
Pour composer le texte à imprimer, il aligne à la main les caractères sur un composteur. Il a ainsi la tâche d’évaluer l’encombrement des lettres et des espaces, afin de justifier les lignes et de les interligner.
Après les tirages d’essais, les retouches et les corrections nécessaires, le bloc de lignes (la composition) est placé dans un châssis (la forme typographique), lui-même fixé sur un chariot mobile (le marbre) qui glisse sous une presse typographique à cylindre qui assure la pression utile à l’impression.
Une fois l’impression terminée, le typographe range à nouveau les caractères dans leurs tiroirs en bois, appelés casses.
… à la création typographique numérique
A l’ère digitale, les artisans typographes qui exercent encore se font rares et ont tous plus de soixante ans. Pour des raisons de délais, de coût, mais aussi de dangers liés à la manipulation du plomb, leur activité se limite à la composition d’ouvrages d’art et de livres d’artistes. Certains s’associent à des graveurs et des relieurs d'art afin de créer dans le domaine de l'édition originale ou de la bibliophilie. Quelques ateliers d'impression réalisent toujours des faire-part, des cartes de visite, des entêtes et des papiers à lettres.
Si l’impression typographique est quasiment révolue, la création typographique est quant à elle bien vivante ! Elle s’exprime désormais numériquement à travers la conception et le design graphique.
La création de nouvelles polices numériques à la fin du XXe siècle a même marqué un réel renouveau de la typographie artistique. Graphistes et artistes créent ainsi pour la publicité, mais aussi pour la littérature et la signalétique. La lettre peut devenir un élément visuel à part entière, pour servir une identité visuelle ou donner sens à une œuvre. Grâce aux nouvelles technologies, elle peut être animée en 3D.
Un artiste typographe français possède une renommée mondiale, il s’agit de Philippe Apeloig. Ses affiches, sur lesquelles il modèle les lettres et les mots, ont été vues à Paris, à New York et à Tokyo. Le « P » du Petit Palais et les logos du Châtelet, c’est lui qui les a conçus. Tout comme des polices de caractères, sorties de sa seule imagination.
Histoire de la typographie
Héritière de la xylographie, l'art de graver du bois, la première typographie a été réalisée à partir d’une planche de bois gravée. Ensuite, les Chinois au XIe siècle, puis les Coréens et les Hollandais au début du XVe siècle s’essayèrent à la typographie mobile en terre cuite.
Au milieu du XVe siècle, Gutenberg inventa la typographie basée sur l’utilisation de caractères fondus en plomb et d’une presse à bras, qui permet d’imprimer le papier recto-verso grâce au réglage de la pression.
Les premières œuvres typographiques françaises furent des livres liturgiques réalisés à partir de manuscrits médiévaux.
Puis, Italiens et Français instaurèrent les principes de conception de la lettre romaine (les caractères droits) et de l’italique (les caractères penchés), dont l’utilisation fut généralisée au début du XVIè siècle dans toute l’Europe, puis dans le monde entier.
L'art typographique était alors aussi bien un ornement qu’un moyen de communication. Il fut officiellement reconnu pour son esthétisme en 1880, avec l’essor des arts graphiques et le renouveau des arts décoratifs. Au début du XXe siècle, nombre d’artistes se passionnèrent pour la typographie, comme Guillaume Apollinaire et le mouvement DADA.
Avec l’apparition de la photo-composition dans les années 1970, la typographie disparut de l’impression de masse et fut remplacée par l'offset. Le dernier livre qu’elle imprima en 1992 fut un « Que sais-je ? ».
Dès la mécanisation des ateliers à la fin du XIXe siècle, qui permit de taper les lettres directement sur un clavier, plutôt que d’avoir à les lever de la casse, de nouveaux métiers descendants du typographe apparurent, comme celui de compositeur. Puis celui de metteur en page avec l’arrivée de l’informatique.
Devenir artisan typographe
Il n’existe malheureusement plus de formation d’artisan typographe, et l’on déplore un manque de transmission des gestes de ce métier traditionnel.
Envie d’en apprendre davantage sur la typographie contemporaine ?
Nous vous conseillons le livre « Créations typographiques de 1985 à nos jours », de Cees W de Jong, Alston W.Purvis et Friedrich Friedl.
Notre série de l’été s’achève ainsi…
Mais n’hésitez pas à (re)découvrir le calligraphe, l'enlumineur, l'imagier au pochoir, le relieur et le marbreur sur papier !
Rendez-vous très vite pour l’anniversaire de Mille et une feuilles, avec de bien belles surprises !
Cécile Douay