Le papier : connaissez-vous son histoire ?

Le papier : connaissez-vous son histoire ?

Le papier. Il fait tellement partie de nos vies qu’on en oublie presque qu’il n’a pas toujours existé.

Jadis rare et respecté, le papier eut pour vocation première le support de l’écriture. Plus transportable que le marbre, il permit de communiquer de façon plus futile et pas uniquement pour la postérité. D’acte notarié en lettre d’amour, le papier fut rapidement aussi indispensable qu’incontournable. Et copieusement recyclé ! Pas au sens actuel bien sûr. Mais une feuille de papier quittait rarement son rôle premier de support de l’écrit pour aller au feu. Elle entamait aussitôt une deuxième vie comme emballage ou isolant.

L’invention du papier n’est certainement pas l’apanage d’un seul peuple, chacun dans son évolution ayant trouvé sa propre réponse. L’Histoire cependant désigne la Chine. En 105 de notre ère, les Chinois codifièrent l’art de fabriquer du papier qu’ils pratiquaient depuis trois siècles avec des fibres de lin, de bambou, des écorces de mûrier… Dès lors produit en masse, le papier devint le support ordinaire de l'écriture et du fameux origami.

En 751, les Arabes, victorieux des Chinois à Talas font une prise de guerre technologique : le secret de la fabrication du papier en Chine. Mêlant ces recettes à leurs propres méthodes, enrichissant la préparation de chiffons, ils créent une technique de fabrication du papier qu’ils diffusent autour de la Méditerranée au fil de leur conquête de l’Occident. Même le papyrus d’Égypte sera supplanté par le papier vers le 10ème siècle.

En France, l’avènement de l’imprimerie (créée en 1440 par Gutenberg) dynamise la fabrication papetière pourtant présente depuis le 10ème siècle. En attendant la révolution industrielle et l’électricité, le papier est produit au bord des rivières. Le courant de l’eau entraîne l’axe des maillets cloutés qui hachent les chiffons et toute l’eau nécessaire à la composition de la pâte est à portée de main !

Le processus de fabrication du papier est aussi simple qu’intemporel : la matière première, fibreuse (chanvre, tissu, …) doit être désintégrée dans de l’eau. Les fibres individuelles obtenues sont en suspension dans l’eau, ce qui forme une épaisseur feutrée : du papier à 99,5% d’humidité. Il n’y a plus qu’à égoutter et sécher !

Principe simple, mais le tour de main n’est pas si évident ! Ainsi, la pâte à papier très diluée doit être déposée en jet bien uniforme sur la toile où elle commencera à s’égoutter. La feuille passe alors dans des caisses successives où l’eau excédentaire est aspirée. Si, entre deux caisses, la feuille encore humide passe sur un cylindre porteur d’un motif en relief, elle s’imprègne de ce motif qui restera visible par transparence lorsqu’elle sera sèche : c’est le filigrane. La feuille est encore pressée jusqu’à devenir plus fine, plus solide, moins humide et pouvoir quitter son support pour aller sécher dans un grenier. La vitesse de séchage est aléatoire mais déterminante (trop lente : papier moisi, trop rapide : papier cassant).

La mécanisation, avec notamment la machine à papier continu créée par Louis Nicolas Robert en 1798 et les cylindres chauffants pour le séchage, a permis d’accroître considérablement la quantité et la régularité de papier produit. Quant à la pâte, la chimie s’en mêle bien un peu en proposant divers adjuvants, mais la base reste constante : fibres et cellulose.

Jusqu’au milieu du 20ème siècle, même produit industriellement, le papier gardera son caractère noble et son usage modéré.