Voyager, c'est découvrir de nouvelles cultures et explorer des endroits extraordinaires. Malheureusement, le tourisme a une empreinte écologique de plus en plus importante...
Lorsqu'on parle d'environnement en voyage, on a tendance à s'imaginer un espace vert à protéger. On comprend alors facilement la nécessité de ne pas laisser ses déchets derrière soi, et on s'imagine avoir eu une attitude écologique en ne faisant que ça... Mais est-ce vraiment assez ?
Pour ce 4ème opus de notre série environnementale sur les rassemblements estivaux et les innovations papiers, Mille et Une Feuilles vous emmène en voyage !
Le Saviez-Vous ?
En 2019, les français ont réalisé en moyenne 6,3 voyages à plus de 80km de leur domicile. Cela représente au total environ 374 millions de voyages, et les voyages de longue distance ont eux augmenté de 4,4% entre 2008 et 2019.
Il faut alors être bien conscient que d'une manière globale, le voyage est l'une des plus importantes causes de pollution dans le monde, et ce par le biais des :
Voyager représente donc 8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, principalement causées par le transport.
Alors, comment voyager tout en étant écoresponsable ?
Pour allier écologie et voyage, pensez : Contribuer, Partir, Limiter et Découvrir.
Afin de préparer votre voyage dans les meilleures conditions, plusieurs gestes sont à mettre en place en amont. Par exemple, avant de quitter votre logement pour plusieurs jours, assurez-vous d'avoir éteint toutes les lumières, d'avoir débranché tous vos appareils électroniques et même d'avoir éteint votre frigo si celui-ci est vide et que vous partez pour un très long voyage. Ensuite, préparer ses bagages en avance (en faisant par exemple une liste) et ne pas tout faire dans la précipitation en mettant au hasard tout ce qui tombe sous la main dans sa valise, permettra de la remplir intelligemment et stratégiquement. Ainsi, il faudra essayer de voyager léger. N'emportez seulement ce dont vous avez impérativement besoin, car plus votre valise est lourde, plus il faudra de carburant à votre voiture ou avion pour la transporter.
En voyage, le transport est un facteur très important qui affecte nécessairement votre empreinte carbone. Par exemple, réduire de seulement cinq heures un voyage en avion permet de diminuer d'une tonne les émissions de gaz carbonique. De ce fait, si vous êtes soucieux de l'environnement, le maître mot sera de voyager moins loin. Vous pouvez en profiter pour découvrir les pays environnants ou même, pour découvrir notre pays et ses nombreux secrets.
Bien que les trains et les bus puissent prendre plus de temps pour arriver à destination, ils sont plus écologiques que l'avion. Par exemple, un aller-retour Paris/Amsterdam en avion produira 250 kg de CO2, contre seulement 3 kg en train. Si l'avion reste malgré tout incontournable, il faut alors prioriser les vols directs lorsque cela est possible. En général, prendre plusieurs avions pour se rendre à destination plutôt qu'un seul augmente le temps passé dans les airs, et augmente également votre empreinte carbone car les avions consomment le plus de carburbant lors des décollages et atterrissages.
En termes de logement, plusieurs options s'offrent à vous. En voyage dans un autre pays, il peut être intéressant de se pencher sur des solutions comme dormir chez l'habitant, le couchsurfing ou le bivouac qui limiteront naturellement votre impact, ces pratiques ne nécessitant pas de constructions supplémentaires.
Pour les plus exigeants qui souhaitent tout de même s'engager dans un séjour d'écotourisme, il existe les écolodges qui sont des hébergements de charme soucieux de la protection de leur environnement, financièrement durables, construits dans un souci d'harmonie avec la nature et dont l'impact sur l'environnement est par conséquent limité.
Ces écolodges proposent des nuits en chambre au milieu de la faune et de la flore, tout en proposant tout le confort nécessaire pour un séjour dans la détente.
Sinon, choisissez votre hébergement consciencieusement. Avant de réserver un hôtel, une auberge ou une maison d'hôtes, renseignez-vous sur leur programme de recyclage ou de réduction de consommation. Et une fois sur place, réutilisez vos serviettes de toilettes et vos draps plutôt que de les faire changer tous les jours. Optez pour des douches très courtes pour économiser l'eau, éteignez tous les appareils électriques lorsque vous quittez votre chambre, et en particulier la climatisation !
Manger local est un très bon moyen de rendre votre voyage écologique, car en évitant de les importer, on réduit le transport des denrées et on les laisse arriver à maturité ce qui s'en ressent au niveau du goût. Informez-vous donc sur ce qui est de saison, cela vous permettra de découvrir les fruits, légumes et plats typiques de la région. Enfin, manger local signifie soutenir l'économie du territoire, et cela contribue également au savoir-faire artisanal !
Alors, oubliez vos habitudes de repas et gardez l'esprit ouvert à de nouvelles saveurs !
En voyage, souvent vous sont proposés des produits à usage unique dans les hôtels, les restaurants ou même dans la rue comme des savons emballés, des brosses à dents jetables, des sachets plastiques, des serviettes en papier, des pailles et surtout des bouteilles en plastique... La solution est alors de refuser ces articles et d'opter pour des produits réutilisables comme des shampoings solides, des ronds démaquillants lavables, des tote bags, des pailles réutilisables ou encore des gourdes filtrantes. Et si jamais il est impossible de vous passer de produits à usage unique, veillez à ce qu'ils soient le plus écologiques possible. Par exemple, le rasoir "Paper Razor" créé par la société japonaise "KAI Group" est à usage unique mais en carton ce qui minimise son impact sur l'environnement. Ce rasoir, pensé pour les voyageurs, réduit de 98% l'utilisation du plastique et est résistant à l'eau froide ou chaude (jusqu'à 40°). Il est envoyé dans un emballage en carton également, et c'est ensuite au consommateur de le monter soi-même grâce à une technique d'origami !
Et pour les fumeurs, il est essentiel de ne laisser aucun mégot par terre, car c'est chaque années plus de 23 milliards de mégots qui sont jetés au sol et se retrouvent ensuite dans la nature, polluant ainsi jusqu'à 500 litres d'eau chacun. Pour rappel, le temps de dégradation d'un mégot peut aller jusqu'à 12 ans. Pour éviter cela, vous pouvez toujours avoir avec vous un petit cendrier de poche. Vous n'en disposez pas ? Mille et Une Feuilles a déniché pour vous un tutoriel pour créer son propre cendrier de poche à l'aide d'un bout de papier cartonné. Alors, plus d'excuses !
Voyager écologiquement ce n'est pas seulement prendre le train, manger local, trier, composter et recycler lorsque c'est possible. C'est également préserver et respecter l'environnement dans lequel vous êtes. Pour cela, avoir une bonne connaissance des consignes des endroits que vous visitez est primordial. Par exemple, en randonnée, ne vous éloignez pas des sentiers afin de ne pas abîmer des terrains protégés ou des plantes en voie d'extinction.
D'autres endroits ont également des particularités, c'est par exemple le cas d'Hawaï. La loi interdit d'utiliser des crèmes solaires contenant certains agents chimiques (oxybenzone et octinoxate) car ces derniers sont responsables du blanchiment des coraux. Sachez aussi que faire de la plongée dans la mer Rouge peut être enchanteur, mais pour garder intact cet environnement fragile, ne touchez surtout pas à la faune et à la flore sous-marines.
En bref, informez-vous sur les comportements particuliers à adopter pour ne pas affecter les écosystèmes des régions visitées.
De plus, en vacances et toute l'année, ne laissez aucun détritu sur les plages ou dans les forêts, car ceux-ci polluent la nature et incitent les autres visiteurs à faire de même. Très rapidement, la belle plage, dont vous rêviez tant, peut alors se transformer en dépotoir. Il en va de même pour les matières dangereuses pour l'environnement. Le recyclage n'est pas forcément dans les moeurs du pays de destination, comme pour celui des piles usagées ou des objets électroniques. Le mieux est alors de garder ces objets et de les ramener chez vous, là où des infrastructures sont mises en place pour les traiter.
Carte routière papier au lieu de GPS... Ce format vous semble peut-être obsolète à l'ère du numérique. Mais par souci de l'environnement, l'est-il vraiment ?
Dans sa version papier, vous pouvez revenir autant de fois que besoin sur votre carte routière sans que cela ne pèse sur votre empreinte énergétique. En effet, consulter plusieurs fois une carte papier ne coûte rien, tandis que l'ouvrir en format numérique implique de lancer une nouvelle recherche, une nouvelle navigation, voire un téléchargement et un stockage, sachant qu'une seule recherche internet est estimée à 10 grammes en équivalent-carbone.
Néanmoins, la fabrication et l'acheminement du papier non recyclé sont des étapes qui consomment également énormément de ressources. On estime alors que 20 millions d'arbres sont coupés chaque année pour produire du papier non recyclé, sans compter l'énergie requise pour le blanchir, l'imprimer et le transporter.
Cependant, les études d'analyse de cycle de vie du papier et du numérique montrent que c'est sur la toute fin de vie des matériaux que le papier sort grand gagnant, car c'est chaque année 5,2 millions de tonnes de papier qui sont traités en France. Le papier dispose de filières efficaces de recyclage, et ce dernier reste bien plus facile à recycler que les composants des appareils électroniques, dont 75% ne le sont pas.
Mais le coût environnemental du numérique n'est pas le seul problème, il existe également des conséquences sur la cognition. En effet, le passage au GPS peut faire baisser votre capacité d'orientation en déléguant des fonctions cognitives à des outils, alors que les cartes routières papier offrent une véritable expérience sensorielle particulière. Le fait de se pencher dessus à plusieurs et de réfléchir au trajet permet de passer un moment sans écran, ce qui devient un privilège rare de nos jours. Le numérique envahit tous les aspects de nos vies, et la moindre notification de notre smartphone nous sort de l'instant présent, alors que la randonnée accompagnée d'une carte routière papier nous offre un moment de déconnexion.
Et le petit plus : les cartes routières qui vous restent sur les bras peuvent être détournées en jolies décorations ! Que ce soit en collage, en guirlande, en set de table ou encore pour envelopper un bouquet de fleurs, ce ne sont pas les idées qui manquent pour donner une seconde vie à ces objets !
Et pour aller plus loin...
Adopter l'éthique du tourisme responsable ne veut pas forcément dire ne plus voyager du tout en dehors de notre pays. Il existe des destinations qui prennent leur part de responsabilité en mettant en avant les hébergements visant à réduire leur consommation d'énergie ou en présentant des activités conçues pour profiter aux communautés locales tout en restaurant la flaune et la flore.
Werfenweng est une ville autrichienne qui révolutionne le tourisme durable grâce à son système de mobilité : la ville recommande aux visiteurs de ne pas venir en voiture, propose un transfert gratuit à leur hébergement et propose un pass donnant accès aux différents véhicules verts pour la somme de 10€ par jour.
Vienne, capitale du pays, compte 2 000 parcs, plus de 800 hectares d'agriculture biologique, 120 stations de vélo-partage, un réseau de 1 300 kilomètres de pistes cyclables et un nouveau programme de "Taxis verts" déployant 370 taxis hybrides et à gaz.
Dans cette station alpine suisse se trouve l'hôtel Valsana, premier hôtel de Suisse à être chauffé à l'aide d'une "batterie de glace". Ce système de récupération d'énergie réutilise l'énergie de la chaleur résiduelle qui se perd autrement dans le milieu ambiant. La région a également reçu le statut de "Perle des Alpes", reconnaissant ses pratiques de mobilité verte et d'éco-responsabilité.
Sur ces belles îles, plusieurs hébergements tel que le Pikaia Lodge font leur maximum pour protéger leur environnement fragile. Cet hôtel neutre en carbone est fabriqué d'acier, un matériau facile à recycler. Ses murs sont recouverts de pierre de lave des parcs nationaux des Galapagos, et son mobilier ainsi que ses portes sont en teck de forêts gérées de manière durable. L'hôtel possède également son propre programme de reboisement, et son eau vient d'un système de récupération d'eau de pluie sur les toitures.
La Catalogne est la première région entière à obtenir le label Biosphere Responsible Tourism, soutenu par l'UNESCO et le GSTC (Global Sustainable Tourism Council). Parmi les plus beaux sites de la région se trouvent d'anciennes mines de charbon, de plomb ou de sel transformées en zones culturelles et écologiques. Le Parc Culturel de la Montagne de sel à Cardona offre par exemple l'occasion de découvrir la géologie naturelle et unique de la région.
Le Costa Rica souhaite devenir le premier pays au monde à atteindre la neutralité carbone, et pour ce faire, quasiment toute son électricité provient d'énergies renouvelables. Sa plus grosse source d'émission de CO2, le café, fait l'objet d'un développement d'une méthode de captation des gaz produits par ses déchets en décomposition pour les utiliser comme source d'énergie de moteurs à combustion.
Passez à l'action !
Parmi les idées du tourisme responsable se retrouve l'écovolontariat. C'est une forme de tourisme participatif, engagé et respectueux de l'environnement. Ces missions d'écovolontariat vous permettent de voyager utile, en immersion avec les communautés locales et d'apprendre aux côtés de scientifiques reconnus. Elles sont organisées et gérées par des associations locales ou par des organismes publics et désignent des activités variées. Selon les missions, vous pourrez par exemple soigner et remettre des animaux sauvages en liberté en Normandie, recenser et étudier la biodiversité marine en mer Méditerrannée, aider à la préservation des pumas, baleines et loutres d'Amériques latine ou encore lutter contre l'exploitation des éléphants d'Asie et protéger les coraux. Le principal organisme d'écovolontariat en France est "Cap sur l'écovolontariat".
Se retrouve également parmi les idées du tourisme responsable le woofing, un concept né à Londres dans les années 70 autour d'un réseau mondial de fermes biologiques. Il met en relation des hôtes et des volontaires prêts à partager leur quotidien grâce à des activités d'agriculture durables et respectueuses de l'environnement contre un toit et un couvert pour une période déterminée.
Enfin, l'agritourisme, ou tourisme rural, vous propose l'expérience de déguster du vin ou des produits de la ferme, mais aussi des immersions de plusieurs jours au sein d'une exploitation ou d'une ferme pédagogique.
Plusieurs manières de découvrir ou redécouvrir des lieux dans une quête de sens et en prenant part à un monde plus solidaire et respectueux du vivant.
Alors, prêts à sauter le cap de l'éco-tourisme ?
Léoda Prunier
Chargée de projet Webmarketing