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La Grande Histoire du scrapbooking

Si les pionniers du scrapbooking en France pratiquent leur loisir créatif favori depuis une dizaine d'années, il ne faudrait pas pour autant en conclure qu’il s’agit d’une nouvelle mode… Rendez-vous compte que le plus ancien livre de scrapbooking serait allemand et daté de la fin du XVIIe siècle, c’est-à-dire avant même que le mot existe ! Ce dernier apparaît en 1825 dans une revue anglaise consacrée (déjà) aux outils et méthodes de ce nouvel "art populaire".

Scrapbooking.gifLe scrapbooking permet à chacun d’exprimer sa fibre artistique. Pas besoin d’avoir fait les Beaux Arts ni de disposer de machines sophistiquées, le scrap se réalise avant tout avec "ce que l’on a sous la main". La composition - sur une feuille, un livret ou un album - représente un souvenir : des éléments "témoins" (une photo, un billet de spectacle, un dessin d'enfant…) que l’on associe à un commentaire, une date, des noms des personnes… (ce que l'on appelle le "journaling") et surtout à une émotion. Une grande liberté artistique peut alors s'exprimer, en utilisant de multiples papiers de création et accessoires de scrapbooking : perforation, embossage, lettres, adhésifs, embellissements, œillets, … qui de nos jours ne se trouvent plus au fond des placards, mais à profusion dans les boutiques de loisirs créatifs comme Mille et Une Feuilles.

 

Remontée dans le temps…

Dès le XVIIIe siècle, avant même l’avènement de la photo, cette activité, nommée "common-place book" aux Etats-Unis, occupe aussi bien les hommes que les femmes de "la bonne société". Ils y écrivent des citations, des recettes, dessinent, collent des articles de journaux, des images, des fleurs séchées, des points de tricot... Thomas Jefferson (1743-1826) lui-même, tenait son "common place book" : le père fondateur des États-Unis collait, entre autres, tous les articles de journaux relatifs à son mandat présidentiel dans un livret à reliure de cuir.

Au XIXe siècle, le scrapbooking évolue en intégrant les nouvelles techniques, notamment la photographie et les nouveaux matériaux. La vocation même des albums se diversifie : il n’y a plus seulement des albums souvenirs, mais aussi des livres d’amitié, des albums purement décoratifs et des recueils pratiques. Les scrappeurs évoluent eux-aussi : ce sont désormais quasi exclusivement des femmes, la Reine Victoria en tête !

Cet âge d’or s’interrompt avec la 1ère Guerre Mondiale. Mais le scrapbooking va ensuite retrouver toute sa vitalité grâce… à la religion ! Celle des Mormons, surtout, férus de généalogie, qui ont utilisé le scrapbooking pour transmettre leurs valeurs familiales en même temps que les souvenirs familiaux. Idée suivie par les autres religions fondamentalistes des États-Unis : le scrapbooking est alors considéré comme un "acte religieux".

En 1980, la mormone Marielen Christiansen publie le premier ouvrage moderne de scrapbooking : "Keeping Memories Alive". Son entreprise, du même nom, a pour devise : We Invented Scrapbooking. L’engouement du public est immédiat. Le scrapbooking, conservé dans le giron mormon pendant près d’un siècle, passionne tous les Américains et perd alors son caractère religieux. Le phénomène gagne l'Europe dans les années 2000 et l’engouement ne cesse de grandir, porté par la facilité de se procurer les fournitures adaptées. Véritable phénomène de société, le scrapbooking est l’objet de réunions, les "Croppin parties", où les scrappeuses échangent techniques, idées, astuces et bonnes adresses.

Nous en sommes désormais à l'ère du Digital Scrap qui garde le même principe, mais avec des outils virtuels. Nul doute que les deux techniques, manuelle et numérique, continuent à coexister, tant elles présentent des intérêts différents et une source inépuisable de créativité pour les scrapbookeurs.

Parfois remplacé par les termes francisés "collimage" ou "créacollage" (surtout au Québec), le scrapbooking reste une activité moderne, car elle sait intégrer toutes les nouveautés. Au point même de voir en 2006 la création d'une école de scrapbooking à Lyon. Elevé au rang d’art décoratif, sans âge et pour tous les âges, le scrapbooking est intemporel… et pour longtemps !

 

Cécile d’Orthozen

Référencement et rédaction web


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