Durant ce tour du monde autours de Noël c’est au tour de Djeffa Tisserand, fondatrice de Saâkti, de nous faire rêver de son Noël antillais, en Martinique !
Bonjour Stéphanie et merci de m'accueillir chez Mille et une Feuilles. Je suis une ancienne juriste freelance. Mes clients bénéficiaient de longues heures d'écoute et d'accompagnement de leurs peines, en dehors du cadre strictement juridique. Et c'est cette dimension que je trouvais gratifiante. J'ai donc choisi d'en faire mon métier à temps plein. Le 28 mai 2014, j'ai créé Saâkti. C'est un nom qui parle d'énergies et d'amour. J'utilise mes capacités empathiques et intuitives pour aider mes consultants à trouver le meilleur d'eux-mêmes et l'exploiter, à mieux se connaître. D'une certaine manière, je reste encore dans le domaine de la justice en les accompagnant à être et faire ce qu'ils aimeraient qu'on soit et fasse pour eux.
Je travaille sur deux projets. Le premier est la création d'un blog où je prendrai le temps de contempler la vie. Le second a une autre envergure, car il parle de création de structure médico-sociale. A ma manière, je suis une soignante …
Je suis tout simplement Martiniquaise. Je suis née là-bas, il y a (déjà) 35 ans et j'y ai vécu jusqu'à mes 19 ans. J'y retourne encore, dès que possible. En dehors des liens familiaux, je suis très attachée à la culture et à la gastronomie de mon île. Bon, surtout à sa gastronomie, j'avoue ;-)
Chez nous, Noël commence le premier dimanche de décembre. Il est de coutume d'aller chez les uns et les autres afin de partager un moment convivial pour attendre la Nativité. L'île est très pieuse, à dominance catholique.
Ces temps sont marqués par les « Chanté Nwel », tels les fameux «Michaud veillait» ou «Joseph mon cher fidèle» ... Tout le monde sort son petit livret vert, pour brailler des cantiques de Noël, rythmés par les percussions locales. C'est d'ailleurs devenu une activité à part entière, car la coutume a évolué en soirées payantes.
Pour ce qui est de la gastronomie, ce temps de l'Avent est très marqué par LA liqueur de Noël : le schrubb. Il s'agit d'une liqueur à base de rhum et de sirop de sucre de canne, d'écorces d'orange et d'épices telles que la cannelle, la noix de muscade, la vanille et le clou de girofle. Un délice. On achève la tuerie avec les patés salés qui sont en fait des mini tourtes individuelles fourrées à la viande. Et comme c'est la fête du cochon, on sort le jambon de « Nwel » cuit au four, épicé, à la bière ou à l'ananas, et les boudins créoles qu'on ne présente plus …
Pour les décorations, nous avons hérité des traditions métropolitaines : guirlandes, boules, étoiles et crèche. Sauf que, point de sapin : nous avons à la place un arbre très grand qui y ressemble : le filao. Nous y accrochons des guirlandes confectionnées par nous-mêmes.
Sur la table, ce serait particulièrement ridicule d’y mettre des flocons de neige ! La grande différence réside dans le fait que Noël n'est pas réellement une fête familiale pour nous. A moins que par famille, on entende le quartier entier ! Nous privilégions donc les grands buffets où tout le monde se sert quand il veut … et la vaisselle jetable.
Quand j'étais petite, le DIY avait une grande importance et j'ai appris, à l'école, à fabriquer mes cartes postales de Noël. L'écrit garde toute sa place, car on a toujours un frère, une cousine qui a déménagé en métropole pour les études et qui ne pourra pas rentrer pour les fêtes.
Tous les Noël étaient magiques. Les anciens avaient préparé le repas et « tué cochon » pour ses différentes déclinaisons, le plat principal étant le ragoût de porc. Avec mes cousines, nous nous dirigions vers l'église pour la messe de minuit, toujours très belle, toujours trop longue, mais qui n'a jamais lieu à minuit. La tradition qui me manque le plus est d'entendre mon oncle entonner « Minuit Chrétien » de sa voix à réveiller les morts. Et nous de partir dans un grand fou-rire …
Pendant l’Avent, j'essaie de préparer des petits pâtés salés, que je ne farcis pas au porc, pour pouvoir les partager avec mes voisines musulmanes. Je m'efforce d'aller chez les gens, à leur rencontre, comme on fait chez nous. Noël pour nous c'est un peu ça : apporter la lumière chez nos frères. Être cette lumière pour eux …
Comme je suis l'expatriée, je ne fais plus de cartes. Mais j'aimerais continuer mes délires créatifs autour du sapin cette année encore. Surtout parce que mes fils se moquent de moi. J'ai un vrai coup de cœur pour le papier bronze irisé pollen. Cette couleur est juste magique et dégage beaucoup de chaleur. Je vais cogiter pour trouver quoi en faire !
Merci Djeffa