Dernière étape de notre tour du monde des papiers matière du monde : l’Europe. Lisez bien jusqu’au bout, vous allez apprendre et être surpris !
Nous vous expliquions la dernière fois que la fabrication du papier avait atteint l’Afrique du Nord au XIIe siècle. A la même époque, elle arrive aussi en Europe via l’Espagne. Mais ce n’est qu’au XIIIe siècle que les moulins à papier apparaissent en Occident, d’abord en Italie puis en France au XIVe siècle.
Les chiffons de lin et de chanvre étaient humidifiés et macéraient au « pourrissoir » (des cuves) pendant plusieurs semaines. Ensuite, ils étaient broyés dans la pile à maillets (inventée au XIIIe siècle en Italie), actionnée par l’énergie hydraulique. Ce raffinage durait un à trois jours.
Avec la pile hollandaise apparue en 1673, les chiffons étaient déchiquetés en même temps que défibrage, rendant le pourrissoir inutile. L’ensemble des opérations ne prenaient alors plus que trois ou quatre heures.
Jusqu’au XIXe siècle, le chiffon de lin et de chanvre est la seule matière première utilisée pour la fabrication du papier. Plus tard, le coton sera introduit et ensuite le bois.
Le bois et le papier, une vraie histoire d’amour
De nos jours, l’industrie papetière française s’appuie sur deux sortes de matières premières : du bois pour 36% (plus de 7 millions de tonnes en 2015) et des papiers et cartons recyclés pour 64%.
Le bois utilisé pour la fabrication de la pâte à papier provient :
En France, l’industrie papetière représente ainsi un débouché essentiel pour les sous-produits de la forêt, tout en participant au développement de la sylviculture et à la santé de nos forêts.
La technique de fabrication du papier
Vous souvenez-vous des grandes étapes de la fabrication du papier à partir du bois ? Un petit rappel des 4 grandes étapes :
Première étape : la fabrication de la pâte à papier
Les fibres de cellulose, qui sont maintenues entre elles par de la lignine, sont séparées en râpant le bois sur des meules.
Deuxième étape : le blanchiment
Pour obtenir du papier blanc, des traitements chimiques sont appliqués à la pâte à papier.
Troisième étape : la fabrication de la feuille de papier
Pour débarrasser la pâte à papier de l’eau qu'elle contient, elle est projetée sur une toile en mouvement, puis pressée entre des rouleaux et enfin séchée.
Quatrième étape : la finition
Selon le rendu voulu, la feuille est lissée, recouverte de glaises, de pigments, de colorants... Enfin, elle est enroulée et découpée en bobines ou en feuilles, prêtes à livrer.
Aussi indispensable qu’innovant avec l’arrivée du papier minéral, le zéro papier n’est pas pour demain
C’est évident, l’humanité n’est pas prête de se passer de papier, et heureusement ! En 2013, 398 millions de tonnes de papier étaient consommés dans le monde chaque année. En tête des producteurs, l'Asie-Pacifique avec 46 % de la production mondiale, contre 26 % pour l'Europe et 22 % pour l'Amérique du Nord. Et la demande ne cesse d’augmenter.
Face aux défis écologiques posés par cette consommation massive, des innovations écologiques voient le jour.
Savez-vous que l’on fabrique aujourd’hui du papier minéral à base de pierre, matériau facile à trouver et présent en abondance sur terre ?
Le carbonate de calcium issu du calcaire des carrières utilisé dans l’industrie du bâtiment est réduit en poudre, puis lié avec des résines non toxiques et recyclables. Ce procédé de fabrication ne nécessite ni eau, ni liquide polluant, ni blanchiment, ni traitement.
Le papier ainsi obtenu présente de nombreuses qualités : résistant, lisse, souple, doux au toucher, durable, ne craint pas les tâches et ne coupe pas les doigts. Cerise sur le gâteau, il est résistant à l’eau, ce qui vous permet d’écrire sous la douche, quand l’inspiration se fait sentir !
Pour conclure notre série de l’été, un chiffre qui montre que les choses vont dans le bon sens : aujourd’hui en France, la moitié du papier est recyclée. Et cette tendance continue à progresser !
Le papier écologique n’a pas dit son dernier mot, et chez Mille et Une Feuilles, on adore !
Cecile Douay
Rédactrice Web pour Mille et Une Feuilles
Crédit photo : Feuille de Pierre
Et voilà, les grandes vacances ont bel et bien commencé ! Tout le monde a pris un nouveau rythme et certains ont déjà posé leurs valises dans une région dépaysante pour souffler en famille et profiter de la vie.
Mais au fait, avez-vous déjà planifié vos sorties et visites ? Savez-vous s'il se trouve tout prêt de vous un moulin du papier ? Des lieux souvent chargés d'histoire, où l'on fabrique toujours le papier à la main, pour des productions de papiers originaux et de grande qualité. Votre papeterie créative Mille et Une Feuilles vous présente 7 moulins à papier qui valent le détour, 7 idées de sorties culturelles qui enchanteront petits et grands.
Dans l'ouest de la France
Dans le sud de la France
Dans l'est de la France
Des moulins et des musées du papier à visiter, un e-book loisirs créatifs aux dizaines d'idées… mais qui pourrait donc s'ennuyer, l'été, avec Mille et Une Feuilles ? Et ce n'est pas fini… rendez-vous très vite avec de nouvelles découvertes !
Cécile d’Orthozen
C'est les vacances ! Du moins, pour nos grands enfants du collège et du lycée. Pour les plus jeunes, encore quelques jours à patienter pour franchir le portail de l'école avec ce sentiment de légèreté et cette envie de croquer à pleines dents les grandes vacances et toutes leurs promesses.
Vous partez en famille dans un petit coin de France ? Vos vacances vous mèneront alors peut-être tout près d'un de nos très beaux musées du papier. Sélection de 7 d'entre eux, que votre papeterie créative Mille et Une Feuilles vous invite à visiter. Une superbe façon d'agrémenter vos vacances de ce soupçon de culture qui nourrit à la fois l'âme et la tête.
Dans l'ouest de la France
Dans le sud de la France
Dans l'est de la France
Pour moi qui ne me suis pas encore décidée, tout cela me donne des idées pour choisir ma destination de vacances ! Et bien sûr, je n'ai pas oublié d'imprimer mon e-book loisirs créatifs, à glisser dans ma valise…
Cécile d’Orthozen
Le papier. Il fait tellement partie de nos vies qu’on en oublie presque qu’il n’a pas toujours existé.
Jadis rare et respecté, le papier eut pour vocation première le support de l’écriture. Plus transportable que le marbre, il permit de communiquer de façon plus futile et pas uniquement pour la postérité. D’acte notarié en lettre d’amour, le papier fut rapidement aussi indispensable qu’incontournable. Et copieusement recyclé ! Pas au sens actuel bien sûr. Mais une feuille de papier quittait rarement son rôle premier de support de l’écrit pour aller au feu. Elle entamait aussitôt une deuxième vie comme emballage ou isolant.
L’invention du papier n’est certainement pas l’apanage d’un seul peuple, chacun dans son évolution ayant trouvé sa propre réponse. L’Histoire cependant désigne la Chine. En 105 de notre ère, les Chinois codifièrent l’art de fabriquer du papier qu’ils pratiquaient depuis trois siècles avec des fibres de lin, de bambou, des écorces de mûrier… Dès lors produit en masse, le papier devint le support ordinaire de l'écriture et du fameux origami.
En 751, les Arabes, victorieux des Chinois à Talas font une prise de guerre technologique : le secret de la fabrication du papier en Chine. Mêlant ces recettes à leurs propres méthodes, enrichissant la préparation de chiffons, ils créent une technique de fabrication du papier qu’ils diffusent autour de la Méditerranée au fil de leur conquête de l’Occident. Même le papyrus d’Égypte sera supplanté par le papier vers le 10ème siècle.
En France, l’avènement de l’imprimerie (créée en 1440 par Gutenberg) dynamise la fabrication papetière pourtant présente depuis le 10ème siècle. En attendant la révolution industrielle et l’électricité, le papier est produit au bord des rivières. Le courant de l’eau entraîne l’axe des maillets cloutés qui hachent les chiffons et toute l’eau nécessaire à la composition de la pâte est à portée de main !
Le processus de fabrication du papier est aussi simple qu’intemporel : la matière première, fibreuse (chanvre, tissu, …) doit être désintégrée dans de l’eau. Les fibres individuelles obtenues sont en suspension dans l’eau, ce qui forme une épaisseur feutrée : du papier à 99,5% d’humidité. Il n’y a plus qu’à égoutter et sécher !
Principe simple, mais le tour de main n’est pas si évident ! Ainsi, la pâte à papier très diluée doit être déposée en jet bien uniforme sur la toile où elle commencera à s’égoutter. La feuille passe alors dans des caisses successives où l’eau excédentaire est aspirée. Si, entre deux caisses, la feuille encore humide passe sur un cylindre porteur d’un motif en relief, elle s’imprègne de ce motif qui restera visible par transparence lorsqu’elle sera sèche : c’est le filigrane. La feuille est encore pressée jusqu’à devenir plus fine, plus solide, moins humide et pouvoir quitter son support pour aller sécher dans un grenier. La vitesse de séchage est aléatoire mais déterminante (trop lente : papier moisi, trop rapide : papier cassant).
La mécanisation, avec notamment la machine à papier continu créée par Louis Nicolas Robert en 1798 et les cylindres chauffants pour le séchage, a permis d’accroître considérablement la quantité et la régularité de papier produit. Quant à la pâte, la chimie s’en mêle bien un peu en proposant divers adjuvants, mais la base reste constante : fibres et cellulose.
Jusqu’au milieu du 20ème siècle, même produit industriellement, le papier gardera son caractère noble et son usage modéré.
Rendez-vous très prochainement pour la suite de notre saga consacrée au papier !
Cécile d’Orthozen